mercredi, 18 juillet 2012 09:39
Témoignage d’une victime de torture
NGENZEBUHORO Zacharie, 44 ans, Cultivateur, fils de NTAHARI et de KAYUGI Constance,résidant sur la colline Kivoga, Zone Rugongo, Commune Butaganzwa, marié et père de 8 enfants est arrêté le 17 juin 2012 par le chef de la position policière de la zone Mubuga, alors qu’il se rendait au marché de cette localité. Il est momentanément gardé au cachot de la position. Au bout de quelques heures, vient une voiture aux vitres fumées, conduite par l’Administrateur de Gitega, Monsieur Valentin NAHIMANA. Cette autorité est accompagnée par le Sous-commissaire Provincial de la Police de Sécurité Intérieure, Michel NURWEZE ( alias RWEMBE), lui-même flanqué de deux policiers. La remise –reprise de la victime est faite entre les autorités de Mubuga et celles du chef lieu de la province Gitega. NGENZEBUHORO est embarqué. Son téléphone mobile lui est retiré. Durant le voyage vers Gitega – environ 30 km – RWEMBE ne cesse d’administrer des gifles à N.Zacharie et de proférer des menaces comme «Tu dois avouer que tu appartiens au FNL et que tu possèdes des armes à feu , si non je vais te tuer…. pour te montrer que j’occupe un poste de responsabilité au sein de la police».
A quelques centaines de mètres après la bifurcation des routes Muyinga et Ngozi, un portail s’ouvre, N.Zacharie est débarqué de la voiture dans une parcelle où il est remis par les 2 autorités à 3 policiers dont un certain KAGABO Topaz. Ces derniers recoivent de leur chef RWEMBE l’ordre de tuer Zacharie s’il persiste à nier les faits dont il est accusé.Ils lui intiment l’ordre de se déshabiller et de se coucher par terre. Commence le supplice : coups de bâton et de matraque, son avant-bras est fracturé. N .Zacharie d’abord évanoui, se retrouve le matin du 18 juin dans une chambre où il est assis couché dans l’eau à même le plancher et où il remarque des flaques de sang. Il réalise qu’il est détenu dans un bureau de la Documentation lorsque le Chef dudit service vient s’enquérir si le détenu est nourri ou pas. De sa cellule où il passera 10 jours, il ne sortira chaque fois que pour la bastonnade et n’aura droit à la nourriture qu,une fois les 3 jours. Ce n,est que le 27 juin 2012, que le Chef de la Documentation et le Commissaire provincial de la Police Judiciaire viendront transférer la victime vers le cachot de la PJ où il commencera à subir un interrogatoire. Selon la victime, son transfert aurait été motivé par le fait qu’il y avait eu des gens de Mubuga qui avaient été témoins de son arrestation par la police et de son transport par l’Administrateur de Gitega et que sa détention commencait à etre médiatisée.Il est remis en liberté le matin du 28 juin 2012 après avoir été instruit de ne jamais dire ce qui est à l’origine de la fracture de son bras gauche et de déclarer plutôt qu’il s’est fracturé à l’occasion d’une chute.
L’ APRODH s’occupe de ses soins médicaux pour l’instant et va l’aider à porter plainte auprès de la juridiction compétente et lui offrir les services d’assistance par un avocat.